NOUVELLE CHRONIQUE
Sur » Feygele » , livre de Natalice.
L’ autrice propose un livre intitulé » Feygele », un titre musical, poétique, atypique, qui interpelle.
La couverture accroche le regard par sa douceur insolite, par son message implicite.
Publié en mai 2023, ce roman prolonge avec brio l’œuvre de Natalice.
En lisant l’ incipit, j’ai perçu d’emblée que l’histoire allait me captiver.
Écrit avec une grâce tangible, celui-ci évoque un arrêt sur image, une connexion entre deux personnages.
Il? Elle? Qui sont-ils?
Ne pas les nommer, mais les décrire sobrement, relève de la grâce, celle d’une Marguerite Duras.
Au travers de ce roman, l’auteure nous dévoile le destin de Bob et Léa, mais aussi celui des générations futures.
On découvre les différentes facettes de Bob.
D’ abord, un homme heureux :
» Il rit, danse, chante, sourit, il est amoureux ! »
Puis , le même homme qui devient son antithèse :
» Une chape de mélancolie et de désespoir s’ empare de son euphorie. «
En cela, l’autrice cerne parfaitement la vérité intérieure de ses personnages, chacun déployant une réelle singularité.
Léa veut vivre, légère et insouciante, si bien qu’elle ne peut saisir les mots de Bob, « Les mots du non- dit qui pèse », néanmoins dès le début de leur relation, elle s’interroge sur cet amour qu’ elle lui voue, ne sachant si elle doit persister…
De ce fait, que lui réserve la vie?
Léa va-t-elle continuer à osciller ou choisir ?
Or quelles sont les racines de Léa ?
Dans un subtil chapitre rétrospectif, on découvre ses parents, Wladislaw et Marta.
Plus tard, on découvre aussi Ava et Ely, les parents de Bob, dans une évocation aboutie mêlant psychologie et histoire.
» Chaque nouveauté, culturelle, industrielle, sociale, se veut synonyme de certitude et de reconstruction tant immobilière que psychologique. »
Au fil des pages, le lecteur se laisse porter, transporter. Les personnages font l’histoire et l’histoire les cimente.
Ce roman introspectif nous propose divers thèmes dont la mémoire, la transmission, les relations humaines. Il évoque également le pouvoir effroyable des non-dits.
Les chapitres concis donnent l’existence à un rythme soutenu et percutant.
Chaque fin de chapitre engendre un désir de poursuivre la lecture.
Parfois, on assiste à un ralentissement du récit lequel souligne davantage sa grâce.
Le narrateur omniscient permet au lecteur de percevoir l’histoire dans son entièreté.
L’autrice possède une sensibilité rare, une voix unique. Sa plume émue et émouvante, perlée et limpide, souligne son talent.
Sa générosité se lit dans ses mots, sa propension à donner se reflète dans la véracité de ses propos.
Un livre que nul ne peut oublier s’il apprécie la beauté, celle qui nourrit l’âme.
Véronique Villard
Romancière
Relectrice
Correctrice.