#leschroniquesdelyane Bonjour les amis et bienvenue à ceux qui découvrent mes chroniques. Aujourd’hui, un roman fait de chair et de sang, de cœur qui cogne fort… Je remercie Natalice pour son immense confiance depuis le début de nos échanges.
Genre : Littérature blanche
Avis : GÉNÉREUX
Il est des romans graves qui portent en eux le poids des vies…
Avec Natalice, je sais que ma lecture ne sera pas pour me délasser mais plutôt pour approcher les choses de la vie, les sentiments intimes, et ici les secrets des autres. Je n’ai pas écrit ma chronique dès la sortie du livre, une fiction basée sur des faits familiaux ; j’ai voulu laisser décanter un investissement personnel qui m’avait demandé d’aller jusqu’au bout de l’amitié, c’est-à-dire d’exprimer des ressentis qui n’étaient peut-être que très personnels. Et aujourd’hui, je vois combien ce livre ouvre les âmes, puise au fond des consciences pour le faire sien.
Il y a la guerre et la famille juive ; rien ne sera dit clairement et les enfants, puis les petits-enfants penseront que tout n’a pas été dit en son temps. Et que c’est peut-être la raison pour laquelle Adeline et Carole souffriront à côté d’un père et d’une mère, qui après l’amour torride, auront une relation dangereuse et nocive. Laquelle des deux souffrira en silence ? Laquelle des deux aura le courage de vouloir en savoir plus pour sauver ses propres enfants des secrets de famille ?
Compassion et curiosité sont sollicitées en permanence, autant dans les pages des histoires familiales que dans celles relatant les évènements politiques de l’époque. L’œil de l’autrice, sa mémoire familiale, son envie de dénoncer, donnent une intensité dramatique à cette histoire qui veut parler à tous des dérives et des malheurs qu’engendre le silence transmis de génération en génération.
Mais l’écriture de Natalice est légère, empreinte de poésie, pleine de passion et de résilience. Avec cela, elle apporte la vie alors qu’elle relate souvent l’enfermement et le désespoir, particulièrement ceux du peuple juif en filigrane. Adeline, le personnage principal, est le fil conducteur qui amène à comprendre pourquoi l’image idyllique de la famille et celle de la fratrie n’ont pas résisté, suscitant des fractures irrémédiables. Bob et Léa sont décryptés avec sagacité, sans indulgence, comme si les regarder encore et encore pouvait tout expliquer.
Violence, amour parental et filial, des années 40 aux années 90, entre Londres et Sardent, toute une saga familiale bâtie autour de l’Histoire et des relations excessives entre des personnes qui s’aimaient trop ou trop peu. Si toute vérité n’est pas bonne à dire, vous verrez aussi que tout secret n’est pas à garder. Un mot sur le magnifique visuel de couverture ; vous noterez que les couleurs pastel prédominent, envers et contre tout. Et bien sûr, une pensée pour celui qui a accompagné, autant qu’il l’a pu, cette histoire.
Je remercie Natalice pour sa confiance en mon regard, son écoute à mes réflexions, et je vous engage à vous faire accompagner par votre « feygele » personnel afin de vivre un moment hors du temps et en lien étroit avec vous-même.
Notes : Fond : 4.9/5 Forme : 4.9/5
Citations :
. Quelle est la part de la transmission générationnelle dans la suite de ses attitudes et de ses choix ?
. Les apéritifs détente sont devenus institutions vespérales où le plaisir sournoisement devient addiction.
Résumé : Bob et Léa foncent main dans la main, avec toute la fougue de leur jeunesse d’après-guerre. Les tourments passés ne demandent qu’à se taire, et pourtant…
Les non-dits, par oubli ou par farouche volonté, réussiront-ils, insidieusement, à influencer la vie des générations suivantes ?
Quelles retombées auront ces secrets inavouables sur la vie pourtant prometteuse du jeune couple et de leurs enfants ?
Extrait : Assise sur un banc devant les cascades du parc de Saint-Cloud, la femme songe.
Sur ses joues, quelques traces d’eau salée.
Amertume, regret, chagrin, remords ?
Mélange de souvenirs et de non-dits ? de pourquoi et de mais…
Il s’approche sans bruit, attendri, attiré par cette créature aussi frêle que bien ancrée dans la Terre. Il se dégage de sa personne une force de vie que sa lassitude ne réussit pas à démentir.
L’homme debout, un peu à l’écart, ne bouge pas, ne parle pas, ne pense pas, respire à peine.
Il attend. Il ne sait pas vraiment quoi et d’ailleurs il s’en fout.
C’est comme ça, la vie imprime nos pas et les engage sur des chemins inattendus et irrépressibles.
Il le sait.
Alors il patiente.
S’assied sur ce même banc.
Ni trop près, ni trop loin.
— Ma sœur et moi, on aimait tellement escalader cette cascade le dimanche. Moi, je n’avais pas peur et elle, elle faisait semblant de ne rien craindre. C’était l’ainée. C’était ma grande sœur.
L’auteure : Natalice est née en 1961. Elle est orthophoniste, mariée, maman de trois enfants venus du bout du monde éclairer son foyer… Son pseudonyme est un condensé de Nathalie et Alice, prénom de sa grand-mère paternelle disparue quelques mois avant sa naissance, une façon de la « rencontrer » et de lui rendre hommage et un peu de vie ! Aux portes de la retraite, elle projette la mise en place d’ateliers d’écriture intergénérationnels afin que nos aînés puissent transmettre aux jeunes générations. Natalice privilégie l’écriture-plaisir, l’écriture-bonheur, l’écriture-émotion ; c’est ce bonheur et cette émotion qu’elle souhaite faire passer au lecteur. Source : Babelio
Feygele
NATALICE
Editeur : Nombre 7
ISBN : 9782383516569
Nombre de pages : 225
Date de sortie : mai 2023
Broché : 17.90 €
Étiquettes : Roman, Fiction Faits réels, Couple, Secrets, Juif, Famille, Amour, Violence, Emprise, Père, Secrets, Frère, Morts, Dénoncer, Résilience,